Après le premier choc suivi d’un moment de confusion, chaque observateur se pose au moins trois questions: quoi, qui, comment. Il y a une quatrième question qui me semble plus importante: celle de la raison sous-jacente, mais je n'ai pas ou très peu entendu parler du pourquoi. J'ai vu les réactions des Parisiens dans la rue, les premiers commentaires dans les médias, Christiane Amanpour sur CNN, BBC World, les flashes spéciaux, les réactions des politiciens,.... puis j'ai éteint ma télé. C'était business as usual : colère, mesures sécuritaires, lutte contre le terrorisme, menaces à l’adresse des extrémistes du monde entier, davantage de moyens financiers, bombarder l’E.I., blabla... Les seuls qui profiteront de la situation seront sans doute les marchands d’armes. Pour l’éducation, pas d’argent ou si peu. Par contre, pour la répression, les politiciens trouvent toujours de l’argent. Les mesures de prudence et de prévoyance sont certainement très valables et utiles, surtout face à une idéologie qui prêche la violence. Cependant je n’ai pas entendu parler des mesures de prévention sauf dans sa définition de mesures protectionnistes.
La prévention devrait être un travail de longue durée, qui a pour but de contrer l’extrémisme à sa base. Au lieu de mettre tout l'argent dans le panier de la défense et de l’anti-terrorisme ou de renforcer nos frontières pour empêcher les immigrés de nous 'embêter' ou ‘menacer nos valeurs' (je me demande lesquelles?), nous aurions dû mettre en place déjà depuis longtemps un plan d'aide mondial.
Nous ne voyons pas notre part de terreur et j’utiliserais même le mot terrorisme économique pour décrire notre système compétitif, spéculatif et invasif et son impact sur le monde entier y compris chez nous, mais surtout sur les pays pauvres et les plus démunis. C’est la raison fondamentale des réactions extrêmes de jeunes gens privés de respect et d'une vie épanouie depuis longtemps. A partir du jeune état (non-reconnu) des Palestiniens jusqu’à nos jours des générations ont dû supporter l’injustice et la pauvreté. Les jeunes se trouvent dans une impasse sans espoir et ne sont pas écoutés. N'oublions surtout pas que nous avons introduit la guerre en Irak, Lybie et Syrie, soi-disant pour les libérer des régimes dictatoriaux, les laissant en chaos complet après notre départ. En paroles et en actes certains pays occidentaux se mêlent activement de vouloir imposer nos coutumes dans ces pays jusqu’à notre façon de voir la liberté. En réalité le but des grandes puissances est de vider ces pays de leurs richesses. Et surtout nous soutenons ou, à tout le moins, sommes très laxistes par rapport à Israël. Les résolutions de l’ONU n’ont jamais été respectées et nous ne réagissons à peine ou regardons dans une autre direction laissant Israël étouffer le peuple palestinien et détruire la Palestine.
En voyant les Français chanter leur hymne national guerrier (aux armes citoyens...) je réalisais qu’on ne pouvait espérer rien de bon quant à la riposte du gouvernement français. Incapable de mener une vraie politique sociale et économique, le président Hollande n'a pas pu imaginer mieux pour réunir les citoyens français que de se mêler de guerres: le 11 janvier 2013 au Mali, le 5 décembre de la même année en Centrafrique et le 19 septembre 2015 dans le ciel de l'Irak, contre l'État islamique. Début septembre 2013, si Washington et Londres n'avaient pas déclaré forfait, il aurait ordonné aux avions français de bombarder la Syrie pour «punir» Bachar el-Assad d'avoir utilisé des armes chimiques.
Ne soyons pas naïfs. Le résultat des mesures traditionnelles et de cette politique primaire, qui se dit ferme et décidée, se terminera en cimetière social et en d’avantage de destruction, de stigmatisation, de méfiance, de frustration, de polarisation et d’extrémisme dans les pays arabes déjà fragilisés ou dans les quartiers pauvres des villes où habitent majoritairement des immigrés et descendants d’immigrés d’origine arabe. Après Saint-Gilles (Bruxelles) et Charleroi c'est maintenant à Molenbeek (Bruxelles) à subir le triste sort d'être stigmatisé.
Nous n’en sortons pas indemnes non plus. Nous sommes tous touchés de plein fouet par ces attaques d'extrémistes dans notre vie tranquille du weekend caractérisée par des sorties telles aller au foot, au resto, au cinéma, ou à un concert. Pour d’autres, c’est se saouler ou simplement passer un bon moment en famille. Même la simple question: ‘où passerais-je mes prochaines vacances ?’ est devenu source de souci. Et c’était sans doute le but des terroristes.
Pour ma part les G7 des plus puissants ou les G20 les plus riches n’apporteront pas la solution, s’ils se retranchent derrière leurs privilèges et richesses. Nous devons développer une autre stratégie.
S.v.p., mesdames et messieurs les politiciens, journalistes et citoyens, ne réfléchissez pas trop de façon simpliste et linéaire. Surtout ne vous trompez pas de cible dans ces tristes moments de terreur, d'actes aveugles, de colère et de deuil, de peur et de désespoir. Ne vous limitez pas aux conséquences, mais méditez sur les origines et causes réelles.
Et surtout n’oublions pas que beaucoup d'humains, frères et sœurs, enfants et adultes, meurent ou survivent à peine au bord du précipice de la famine, des maladies, des guerres et des aléas climatiques…
La seule solution de ces problèmes sera par le partage des ressources mondiales, ce qui créera la justice et la confiance et donc la paix.
Radio SPI soutient le texte du Parti Humaniste International, ci-dessous.